Des flots
ni marins,
ni déments.
Des flots
abreuvent mon corps épaissi.
Paresse des vomissures,
le corps s’en réjouit.
Il barbote dans la fange,
ramène relents amers
au corps des habitudes.
Je débarrasse la table,
lèche couverts et consciences
et demande à la mer
de se retirer.
Dilue la mémoire
Déguise l’humanité,
grands moules de sentiments,
des trop grands, des mutants
se monnaient aux plus offrants.
Piétine, le jour, la nuit,
casse ton miroir,
hébétude des reflets
au vacarme arrêtés,
quand le soleil enfin
dilue la mémoire
pour que naisse la vie.
Une certaine aurore
Je vis vaguement
une certaine aurore
qui s’entête à poser
son regard affamé
sur mon corps fatigué.
Cent visages sans yeux
dans ses jupes enrôlés
éclairent les chemins
que j’efface en marchant.
C’est mon coeur déraisonnable
qui taquine mon décor
et me réveille chagrin
debout, adossée au matin.
Tranquille, sonore
Césure de tes gestes
qui poétise mes nuits,
muettes cavalières
que les vents méprisent
sans se soucier de la vie
qui s’écrit et crie.
A défaut de ton corps,
je caresse ta voix.
Tranquille, sonore
comme l’aube des bois.
De pôles à tropiques
Redresser équateur
ou le planter dans coeur
quand l’heure était marine
et que la terre enfantait
cervidés vertébrés
mais le bois manquait.
Des falaises à pic
jeunes corps d’Afrique
rougissent océans
et mers désabusées
cherchent pôles à tropiques.
Frappant encore et davantage
De mélancolie s’abreuvent,
dans le lit de ma plaie,
morts glaireux
aux habits de gala.
Ils traversent le présent
qui se tord de rire,
leur donne le bonjour
en soulevant sa nuit.
A genoux je polis,
frappant encore et davantage
des maux nouveaux
qu’aucune langue ne beugle.
Sur ton ombre
Quand l’odeur galeuse
de ton corps liquéfié
parfume mes narines,
dans le silence d’hier
mes doigts transis
déciment armée de vers
s’échappant de ta couche.
Hauts-le-coeur familiers
scandent les retrouvailles
et mes yeux trop grands
se referment sur ton ombre.
Nourrir la bête
Une lame,
une balle,
dans les mains du présent,
tracent la panique
mais le trou qui s’entrouvre
fleurit aussitôt.
Gerbes humaines
aux mystères encombrants
appellent mère des temps
aux seins lourds et pesants
à nourrir la bête.
L’assassin, un enfant.
Dans l’aurore de ma nuit
Dans cet espoir tranquille
qui accouche matin
dans ton ombre lunaire,
je redis le chemin
qui tisse jardins,
pétales sonores et volontaires.
Souffle ta vie
dans l’aurore de ma nuit.
Elle est revenue la nuit
Elle est revenue la nuit
avec ses longues jambes,
s’étendre sur nos couches,
noircir un peu nos peaux.
Dans ses mains toutes blanches,
nos paupières ont éclos
mais nos rêves tout gris
ont pâli aussitôt.
Elle était belle, la nuit
à retrousser nos draps
pour y chasser l’aurore
qu’y s’y loge parfois.